DESARGUES Girard 1591-1661
Brouillon project , (Brouillon project d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du Cone avec un Plan), 1639.
Ce texte peut être considéré comme le premier texte relevant de la géométrie projective, bien que les techniques de démonstration qui y sont employées soient celles de la géométrie « euclidienne » la plus classique (comparaison d’aires, comparaison de rapports, ...). On y trouve le célèbre théorème de Desargues. C’est en référence au contenu de ce traité que l’on parle de géométrie arguésienne, de plan arguésien. Voici ce que dit Chasles dans son Aperçu historique sur l’origine et le développement des méthodes en géométrie (1837) : « On doit à M. Poncelet d’avoir, le premier, dans son Traité des propriétés projectives apprécié ce véritable et profond géomètre, et de l’avoir reconnu, sous le titre mérité de « Monge de son siècle », comme l’un des fondateurs de la Géométrie moderne. »
Le but principal poursuivi par Desargues est de traiter « par un seul et même discours » tous les problèmes concernant les coniques, quels que soient leurs types et quel que soit le genre de droites (diamètres, tangentes...) qui y interviennent. C’est avec la même volonté de concision et d’universalité que Desargues a conçu et rédigé ses travaux sur la perspective (1636), la gnomonique (l’art des « monstres au Soleil ») (1640) et de stéréotomie (coupe des pierres) (1640), utilisant à foison projections et rabattements.
Le principal outil forgé par Desargues dans le Brouillon project est le théorème appelé maintenant « théorème de Desargues » qui intervient au milieu du traité. Ce théorème permet de caractériser n’importe quelle conique passant par 4 points donnés, par une correspondance (nommée par Desargues involution, seul terme introduit par Desargues qui est demeuré dans le vocabulaire des mathématiques) entre les points définis par n’importe quelle sécante à la conique. Ce résultat a été préparé en amont par Desargues par une étude assez précise et complète de l’involution sur une droite et l’a conduit, en aval, à utiliser les notions réciproques de pôle et polaire par rapport à une conique qui permettent de traiter tous les problèmes classiques.
Son ambition généralisatrice et la nature mathématique de ses outils l’amènent à définir le point à l’infini d’une droite, la droite à l’infini d’un plan, les faisceaux de droites et de plans etc.
La démonstration du « théorème de Desargues » est un bon exemple des méthodes arguésiennes. Desargues le démontre d’abord dans le quadrangle complet à l’aide de raisonnements sur des triangles et d’une utilisation intensive du théorème de Menelaüs. Il passe ensuite au cas du cercle en utilisant la notion de puissance d’un point par rapport à un cercle, puis transmet le résultat à une conique quelconque par une démonstration par perspective, la conservation par projection centrale de l’involution ayant été démontrée dans la première partie.
Si le Brouillon project ne produit pas de résultat jusque là inconnu sur les sections coniques, il en donne une vision et une méthode d’étude qui constituent la contribution essentielle de Desargues à l’émergence au 19e siècle de la géométrie projective.
Présentation modifiée à partir de celle publiée dans les Actes du Colloque Histoire et enseignement des mathématiques. Pacy sur Eure 5-6 Juin 1981. Le Brouillon Project. p. 81-98.
Édité dans :
Recherche des œuvres imprimées de Desargues numérisées, sur le site LiNuM
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L’image illustrant cet article provient du site Mathouriste.
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