Tablette Plimpton 322 , vers -1800.
La tablette Plimpton 322 est l’un des textes mathématiques cunéiformes les plus connus. Ce texte a fait l’objet d’une bibliographie considérable, et il a en particulier inspiré de nombreux mathématiciens et informaticiens qui ont été fascinés par l’idée qu’une méthode générale pour la génération des triplets pythagoriciens ait pu avoir été inventée plus de mille ans avant Pythagore. La tablette Plimpton 322 est devenue une sorte d’archétype des mathématiques cunéiformes, malgré le fait que ce document est complètement atypique à maints égards : la forme de la tablette, la disposition tabulaire du texte, son contenu, ses notations, en particulier l’utilisation de nombres sexagésimaux positionnels de très grande taille, avec indication des zéros médians par un espace vide.
La tablette est orientée en format paysage, ce qui est rare pour les textes de son époque. La partie gauche, représentant environ un tiers de la tablette d’origine, est perdue. La face contient un tableau de quinze lignes et quatre colonnes avec des en-têtes, et le revers n’est pas inscrit, mais on y distingue clairement des lignes qui continuent les lignes de séparation des colonnes de la face. Les cellules de la table contiennent de grands nombres écrits en notation sexagésimale positionnelle. L’en-tête de la première colonne conservée indique que les nombres de cette colonne sont « le carré de la diagonale dont on soustrait 1, (ce qui) donne celui de la largeur ». La formule évoque clairement un rectangle, ses côtés et sa diagonale, et la relation métrique que nous appelons aujourd’hui la propriété de Pythagore.
Les nombres de la première colonne possèdent en effet la propriété remarquable suivante : ils sont des carrés parfaits, et si on leur enlève le premier chiffre, qui est un 1, on obtient encore des carrés parfaits. Par exemple, ligne 5, on lit le nombre 1.48.54.1.40. Ce nombre est un carré (celui de 1.20.50), et si le 1 initial (qui est le carré de 1) lui est retranché, on obtient encore un carré (celui de 54.10). Le nombre 1.48.54.1.40 fournit donc à lui tout seul ce que nous appelons aujourd’hui un triplet pythagoricien. (Pour contrôler ces relations, le lecteur est invité à utiliser la calculatrice babylonienne MesoCalc). Les quinze triplets pythagoriciens fournis par la première colonne sont indépendants. Dans chaque ligne, les nombres des colonnes suivantes fournissent un triplet pythagoricien semblable à celui de la première colonne.
L’interprétation de Plimpton 322 fut et demeure très controversée. La table était-elle destinée à fournir des données pour l’enseignement, ou bien à présenter l’ensemble complet des solutions d’un problème mathématique, en l’occurrence un problème arithmétique de type diophantien ? Les quinze « triplets pythagoriciens » préservés ont-ils été engendrés par un algorithme systématique, ou bien ont-ils été obtenus par hasard ? Que contenaient les deux colonnes initiales perdues ? La table était-elle prévue pour continuer sur le revers, et si c’est le cas, combien de lignes supplémentaires étaient prévues, et que devaient-elles contenir ? On trouve des réponses contradictoires à ces questions dans l’abondante littérature qui a été consacrée à cette célébrité des mathématiques anciennes.
Voir une photo complète de la tablette et la traduction de son contenu par Christine Proust, sur le site Images des Mathématiques, 2015.
Le contexte archéologique de la tablette est inconnu, mais des indices épigraphiques indiquent que la tablette date de l’époque dite paléo-babylonienne (début du deuxième millénaire avant l’ère commune). D’après le marchand qui l’a vendue vers 1922 au collectionneur George Arthur Plimpton, la tablette viendrait de Larsa, une cité du sud de la Mésopotamie. Ce dernier l’a léguée au milieu des années 1930 à l’Université de Columbia à New York où elle est toujours précieusement conservée.
On en trouvera des reproductions, transcriptions et traductions dans les ouvrages suivants.
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L’image illustrant cet article est une photo de Christine Proust (courtoisie Jane Spiegel, conservatrice de la bibliothèque « Rare Book and Manuscript Library », Université Columbia, New York).
Conçu et réalisé par François Goichot et Jean-Paul Guichard, avec le concours de Christine Proust (02/2017).
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