Jean Victor Poncelet (1788 – 1867)
Traité des propriétés projectives des figures 1822
Au lieu d’accumuler comme ses prédécesseurs géomètres les propriétés de façon éparse et parcellaire, Poncelet aura le souci de dégager des méthodes générales et fécondes dans un grand traité novateur. Ce traité donnera l’impulsion à une nouvelle conception de la géométrie, la géométrie projective.
I. Principes généraux, mettant en place la notion de propriété projective et celle de sécante idéale commune à un système de coniques.
II. Propriétés fondamentales des lignes droites, des sections coniques et des cercles, rassemblant l’ensemble des connaissances acquises sur les figures planes, polygones inscrits ou circonscrits à des coniques, pôles et polaires, centres de similitude de deux cercles [le mot homothétie n’est pas encore utilisé].
III. Des systèmes de sections coniques, avec la mise en place de la notion d’homologie et la recherche du système complet des sécantes et tangentes communes qui caractérisent chaque homologie ; puis l’étude du cas particulier des sections coniques ayant un double contact.
IV. Des angles et des polygones, qui montre comment appliquer les méthodes précédentes à un certain nombre de problèmes connus comme le problème de Castillon généralisé, ou originaux, dont le célèbre théorème de clôture de Poncelet.
Un Supplément sur les propriétés projectives des figures dans l’espace, vient généraliser à l’espace quelques-unes des méthodes développées ci-dessus.
Comme l’indique le sous titre, le Traité des propriétés projectives des figures publié par Poncelet en 1822 est destiné d’abord ‘’à ceux qui s’occupent des applications de la géométrie descriptive et d’opérations géométriques sur le terrain ‘’. Il est en fait l’aboutissement d’une longue réflexion faite dans la solitude d’une prison russe à Saratoff dans laquelle Poncelet fut maintenu prisonnier durant dix-huit mois lors de la campagne de Russie de Napoléon.
Se destinant à l’arme du Génie en sortant de l’École Polytechnique en juillet 1810, Poncelet perfectionnera encore ses connaissances à l’École d’Application de Metz d’où il sortit le 11 février 1812 avec le grade de lieutenant du Génie, affecté aussitôt aux travaux de fortification sur l’île hollandaise de Walcheren dans l’estuaire de l’Escaut. Cette île était en effet un point stratégique dans la lutte que menait Napoléon contre l’Angleterre. Quatre mois après, en juin 1812, il reçoit l’ordre de rejoindre la Grande Armée en Russie, attaché à l’Etat-major Général du Génie pour la reconstruction des ponts systématiquement détruits par l’Armée Russe au fur et à mesure de l’avancée des troupes françaises. Le 18 novembre il est fait prisonnier lors de la bataille de Krasnoïé et emmené en captivité à Saratoff, après un voyage exténuant de 300 lieues à pied, dans les conditions extrêmement difficiles de l’hiver russe. Il décrira lui-même ainsi sa situation :
« Là, (…) il ne trouvera ni secours matériels, ni ressources morales ou scientifiques, et lorsque, sous la bienfaisante influence du splendide soleil d’avril, il recouvra quelques forces et voulut se distraire par le travail de l’esprit, il dut refaire péniblement, et pour ainsi dire un à un, les éléments indispensables aux études mathématiques, privé qu’il était de tout livre, de tout instrument de précision, difficiles à se procurer dans cette ville de Saratoff, d’ailleurs dépourvue alors de bibliothèques scientifiques ».
C’est dire combien le Traité de Poncelet a été conçu dans un contexte très isolé, coupé de tout échange avec ses collègues, ce qui amènera son auteur à des polémiques très vives de priorité, alors que lui-même aura constamment le souci de signaler les références des ouvrages cités.
De retour en France en septembre 1814, il fera connaître peu à peu le résultat de ses travaux, par l’intermédiaire du journal créé en 1810 par Gergonne sous le titre des Annales de mathématiques pures et appliquées, abrégé en Annales de Gergonne.
L’analyse des articles de géométrie contenus dans les Annales de Gergonne montre que les efforts des géomètres portent alors principalement sur les propriétés des coniques et des surfaces du second degré. Mais au lieu d’accumuler comme eux ces propriétés de façon éparse et parcellaire, Poncelet aura le souci de dégager des méthodes générales et fécondes dans un grand traité novateur. Comme tous les grands textes fondateurs, ce traité donnera l’impulsion à une nouvelle conception de la géométrie, la géométrie projective.
Le Traité des propriétés projectives des figures, marque une prise de conscience de ce qui est sous-jacent aux idées et aux méthodes dispersées dans les articles des Annales. Ces idées et méthodes, en effet trop nombreuses pour permettre une appréhension globale de la situation, étaient basées sur la notion de propriété projective, autorisant le remplacement d’une figure par une autre, considérée comme équivalente, parce que conservant un certain ensemble de propriétés. Fort de cette première notion, il s’agit pour Poncelet de mettre en place les méthodes pour l’exploiter et la mettre en œuvre. Les projections concernées étant les projections coniques, une propriété projective portera uniquement sur les figures constituées d’un ensemble de droites et de coniques. Il s’agit donc successivement :
Au niveau des méthodes, Poncelet va établir également une rupture avec la géométrie euclidienne qui se cristallisera principalement autour de trois éléments caractéristiques de la géométrie projective :
Tout ceci sera exposé selon les principes de la géométrie synthétique, c’est-à-dire en excluant absolument tout recours à la géométrie analytique.
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Le « grand théorème de Poncelet » et son application au billard (elliptique) sur Images des Mathématiques
L’image illustrant cet article provient du site [MacTutor->http://www-history.mcs.st-andrews.ac.uk/history/
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